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Etienne Jodelle

Epithalame de Madame Marguerite, soeur du Roy Henry II
Tres-chrestien, Duchesse de Savoie
.


Dedans la maison jointe au temple principal,
Où mon Prince est couché,j'oy l'accord musical
Des Chantres & sonneurs plus divins, qui reveillent
DEça delà ces Dieux, qui ce matin sommeillent,
Fors les Amans assez reveillez de l'amour,
Qui les fait souhaiter le soir de ce beau jour.
J'ay bien d'autre façon habillé telle bande,
Que l'usage commun grossier ne nous commande,
Guillaume, Jean Dugué, Charles, Mitou, sont ceux,
Que de nom & d'habit, j'ay fait Princes d'entr'eux :
L'habit fait qu'assez bien à ces noms ils conviennent,
Leur son fait que ces noms pour jamais ils retiennent.
Guillaume est un Phebus, Charles tant de la main
Comme du reste imite un Amphion Thebain,
Jean Dugué fait le Pan, Mitou l'accompagne,
Le Thracien Orphée, & pour ce coup dédaigne
Son luth, ayant aux champs Elysiens appris
D'un gentil instrument, qu'il a maintenant pris.
Les deux dessus le luth, dont comme Dieux ils sonnent,
Doucement un Sonet doux & hautain fredonnent,
Que sur ce jour j'ay fait : les deux autres suivans
Accordent au sonet & au son, émouvans
L'ame plus aigrement : l'un touche ses regales
Aux sept tuyaus de Pan Archadien égales :
Et l'autre un clavecin accorde gayement,
Et selon sa partie avec l'autre instrument.
Devant chacun des deux, par enfans de la sorte
Que l'on peint les Amours, leur instrulent se porte,
Et tous ces quatre ensemble ont sur moy tel pouvoir
Que je pense ces Dieux, & non ces hommes voir,
Quand l'un d'eus tient le plain, l'autre dessus fredonne,
Et le tiers fredonnant, le quart plainement sonne :
Puis rechangent soudain, & se jouant de nous,
Avec un dous réveil donnent un sommeil dous,
Et sans la prompte ardeur en chacun embrasee,
Je croy que l'on lairroit en son lict l'espousée.
Ces quatre donc tous seuls des autres à l'ecart
Se faisant rois de sens font leur musique à part.

Galliard, William Brade (1609), Hespèrion XX

 

1574

Fantasie sur un vers bien 
chanté & bien sonné sur le Lut


A Loyse l’Archer

Chanter ce vers, sonner ce son ainsi,
Ce son qui est l’esprit au vers enclos,
Animer l’un, animer l’autre aussi,
C’est de ta voix & de tes doigts le los
Tant excellent (ô LOYSE) qu’iceux
Dignes de toy, te rendent dignes d’eux.
O voix ! ô dois ! ô beau vers ! ô beau son !
O ame ! ô corps ! de si rare chanson,
Qui ame & corps nous ravit par ces deux.

Author of light, Thomas Campion (1612) : Barbara Marcus, chant et J.-M. Poirier, luth.

 

A Loyse l'Archer

SONNET

Si Orlande sent bien, qu'outre son grand merite,
Par ces miens vers son los peut prendre accroissement,
Qu'il sçache gré, LOYSE, à toy premièrement,
Puis à moy, que sans fin tout grand merite excite.
Ton sçavoir, ta façon, ta vois, si fort incite
Tous ceux, dont la vertu peut donner ornement
Aux vertus, qu'il convient qu'en cela promptement
Vers la vertu, vers toy, vers soymesme on s'aquite.
Air pour air, par ses chants Orlande payera
Mes vers, leur soufflant l'ame : il te satisfera
Par ses chansons : mais force & grace bien plus grande
Ses chansons reprendront par ta vois, par tes dois :
Au lieu doncq de le voir quitte envers toy, tu dois 
Obliger de rechef l'art & le nom d'Orlande.


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